Les besoins essentiels d’un être humain sont ses besoins constitutionnels.
Ils sont les garants de la santé d’un individu dans tous les aspects de son existence.
La juste définition et compréhension des besoins essentiels de l’être humain est la clef de la santé et du bonheur profond.
Énumération des besoins essentiels
Le modèle le plus connu d’énumération des besoins de l’homme est celui de la pyramide de Maslow.
Ici les besoins essentiels sont classés en deux grandes subdivisions la connexion intérieure (1) et extérieure (2 et 3) ou sont répartis en trois grandes dimensions individuelles (1), sociales (2), environnementales (3).
1. Besoin en connexion avec l’intérieur ou connexion individuelle (maîtrise de soi-même)
- santé physique primordiale (alimentation saine, sommeil suffisant, excrétions, mouvements, étirements, non exposition à des polluants comme perturbateurs endocriniens, etc.)
- santé sensorielle (exposition à bruits, odeurs, goûts, contacts, etc. adaptée à la constitution naturelle)
- santé psychologique cognitive comportementale émotionnelle (maîtrise de la pensée, de la rationalité, du comportement, des émotions, etc.)
2. Connexion extérieure aux autres (humains)
- santé relationnelle humaine (familiale, amicale, communautaire, etc.)
- santé relationnelle professionnelle (éthique, autonomie, etc.)
- santé relationnelle sociale (pouvant être additionnée ou ramifiée par la santé politique)
3. Connexion extérieure à la nature (ou connexité à la nature) (faune et flore)
- santé relationnelle avec autres êtres vivants
- santé relationnelle avec les ressources naturelle.
Essentialité des besoins et efficience énergétique
L’homme connaissant le bonheur absolu (eudémonie) est celui dont le temps est parfaitement employé dans le nourrissement exclusif des besoins essentiels.
Les besoins essentiels ainsi nourrissent, deviennent le carburant de l’existence.
Plus les besoins essentiels sont proches de leur nature originelle plus la source d’énergie qui émane d’eux est puissante. Les besoins essentiels réels est tel le carburant le plus pur et le plus approprié au moteur.
Ainsi les besoins essentiels peuvent être dits appartenant à la fin ou aux moyens.
Essentialité des besoins et notion de réalité
Le concept ancestral de la philosophie indienne de sat-cit-aananda définit trois composants de l’univers qui sont la réalité, la conscience et la félicité (cf. Brihadaranyaka Upanishad, Chandogya Upanishad, Taittiriya Upanishad, Tejobindu Upanishad tous daté de circa 800-600 BEC)
La notion de réalité (sat) ici s’apparente à l’authenticité des besoins essentiels
La notion de conscience (cit) ici fait référence à l’aspect énergétique, la force vitale, que pourvoient les besoins essentiels dans leur forme pure.
La notion de bonheur (aananda) ici est la résultante de l’aspect énergétique.
Non essentialité des besoins
Le manque de connaissance de la justesse de la définition des besoins essentiels peut nous exposer à 3 conditions délétères :
- l’excès des besoins
- l’insuffisance des besoins
- l’inadéquation des besoins
La perception de la nature profonde de soi-même (par la connaissance de la vie de nos anciens en particulier), est un moyen souvent sûr pour mieux percevoir la légitimité, l’illégitimité, l’omission, l’adéquation de nos besoins…
Facteurs de variabilité des besoins
Si nous prenons le principe de l’habitus (notre manière d'être qui a été façonnée par nos habitudes) on peut ainsi expliquer comment ces habitudes vont modifier notre nature tout comme l’offre du marché influence la demande (consommation).
L’exposition à un milieu différent et à des habitudes différentes sera à l’origine d’une modification de nos besoins essentiels.
Il est ainsi intuitivement perceptible que nos conditionnements sociétaux ou civilisationnels seront les plus forts sculpteurs de la forme de nos besoins essentiels.
Variabilité des besoins
- La variabilité temporelle de nos besoins essentiels
Il est important d’accepter que pour un même individu les besoins essentiels vont varier selon le principe de l’habitus au cours de la vie.
- La variabilité individuelle de nos besoins essentiels
De la même manière et selon l’habitus, les besoins seront variables d’un individu à l’autre.
Universalité des besoins
Dans l’absolu, les conditionnements sociétaux sont atténués dans leur forme la plus archaïque de nos besoins essentiels.
Ainsi peuvent être distingués deux types de besoins essentiels :
- les besoins essentiels modifiés
- les besoin essentiels originels.
En d’autres termes il peut être dit que
- sur le plan pratique les besoins essentiels sont tous différents
- sur le plan théorique les besoins essentiels sont universels.
La voie analytique dupliquée de théorique et pratique correspond respectivement au nishchaya et vyavahara dans la philosophie Indienne (en particulier dans la tradition Indienne jaïne)
Tolérance absolue de la diversité
Il est important de comprendre que le besoin essentiel d’un être n’a pas moins de valeur que celui d’un autre. En effet, la perception du caractère modifiable du besoin essentiel conduit à l’acceptation de la légitimité des besoins de tous les êtres, aussi éloignés soient-ils de nos référentiels. Dans la philosophie Indienne jaïne ce principe est nommé la croyance en la multi-angularité des points de vue (anekanta-vada).
Cet appel à la tolérance est illustré par la parabole des « aveugles et de l’éléphant »
Eudémonisme et besoins essentiels
L’eudémonie d’Aristote correspond au stade le plus élevé de bonheur. Selon Aristote cet état d’Eudémonie est conditionné par la conscience du ‘souverain bien’ qui est une doctrine de l’éthique défini par Socrate. Ainsi l’eudémonie est une croyance hautement humaniste du pouvoir de l’éthique, de la vertu, de la morale, pour l’atteinte du bonheur ultime. Ainsi l’aspect éthique défini une des clefs de l’essentialité qui conduira l’homme à l’atteinte de la forme la plus élevé du bonheur.
Psychologie positive et besoins essentiels
La psychologie positive est un courant moderne de psychologie qui fut tout d’abord décrit par Martin Seligman et Mihaly Csikszentmihalyi.
Ce courant de la psychologie met l’accent de la santé psychique de l’individu ou bonheur qui s’obtient grâce à :
- une vie plaisante tant sur le plan physique, qu’intellectuel, émotionnel, cognitif, etc.
- une ‘’bonne’’ vie qui met l’accent sur l’importance de l’engagement.
- une vie qui a du sens
(cf. Authentic Happiness (2002) Seligman)
https://www.theunitutor.com/maslow-the-needs-theory-vs-contemporary-positive-psychology/
Épuration des besoins essentiels
Dans de nombreux courants philosophiques ou religieux, les besoins seront épurés pour permettre l’élévation spirituelle par l’ascèse (tapas littéralement énergie ou lumière).
Réciproquement l’élévation spirituelle peut être définie comme une élévation des besoins d’un aspect personnel à un aspect altruiste et/ou d’un aspect matériel à un aspect plus spirituel.
Exemple du jina (ou arihanta ou trayi) ou du boddisattva qui sont des figures de maîtres spirituels de respectivement la tradition Indienne Jain et Bouddhiste.
Ces deux effigies incarnent des êtres dont les besoins sont si épurés que la seule émotion qui les habitent est la compassion pour la souffrance de tous les êtres et leur seule finalité, le désir de leur faire atteindre le salut.
Besoins essentiels et libération
La notion de salut dans les philosophies Indiennes est souvent nommée libération (littéralement moksha ou métaphoriquement nirvana).
La libération est l’état abouti de l’épuration des besoins essentiels jusqu’à leur forme la plus authentique correspondant à la vraie nature de l’âme.